sexta-feira, 7 de julho de 2006

Gilles Kepel: «Fin du Londonistan, fin du communautarisme?»

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Au fur et à mesure que les héros en ligne du djihad accomplissaient leurs attentats aux quatre coins de la planète, à partir du 11-Septembre, les idéologues du Londonistan, à aboyer sans mordre, perdirent leur valeur et leur influence dans les franges les plus radicales qui n'avaient cure de leur bien-être londonien. Les mesures juridiques qui les frappent aujourd'hui ont surtout, en ce sens, un effet symbolique a posteriori.
En revanche, la question reste entière du soubassement intellectuel qui a permis le Londonistan, à savoir un multiculturalisme, où ce qui différencie les communautés ­ religieuses, ethniques, etc. ­ proclamées comme telles à l'intérieur d'une société donnée, est considéré comme essentiel, alors que ce qui unit les individus, par-delà la race ou la foi, comme citoyens d'une même société, est tenu pour secondaire.
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Toute société est différenciée, notamment, par les conflits incessants entre des groupes sociaux qui la meuvent. Il n'existe de société sans conflit que dans les utopies totalitaires. Mais la spécificité du multiculturalisme est de considérer que les individus sont déterminés par une essence culturelle immuable, propre à chaque communauté, et que l'ordre politique, voire juridique, doit les prendre en compte d'abord à travers le prisme communautaire qui leur est assigné.
Les tenants de cette théorie se trouvent aussi bien chez les partisans avoués ou non de l'apartheid que chez les libéraux ou les libertaires. Au Royaume-Uni, le multiculturalisme a fait l'objet d'un consensus implicite entre l'aristocratie sociale issue des public schools se retrouvant dans les clubs fermés, et la gauche travailliste : le développement séparé des musulmans permettait aux uns de gérer au moindre coût la main-d'oeuvre ouvrière pakistanaise immigrée, aux autres d'en capter les suffrages à travers les leaders religieux au moment des élections.
C'est ce consensus que les attentats de juillet ont fait voler en éclats. Car le multiculturalisme n'a de sens que s'il aboutit à une forme de paix sociale, où les dirigeants communautaires contrôlent leurs ouailles à qui ils inculquent des valeurs religieuses ou morales particulières, mais qui aboutissent à la soumission à l'ordre public global. En ce sens, le traumatisme de la société britannique est plus profond que celui de la société américaine après le 11-Septembre. Aux Etats-Unis, les dix-neuf pirates de l'air étaient des étrangers. Au Royaume-Uni, les huit personnes impliquées dans les attentats sont des enfants de la société multiculturelle.
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(Gilles Kepel em Agosto de 2005; ler na íntegra no Observatoire du Communautarisme.)

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