«Le débat contradictoire intitulé «la laïcité face à la mondialisation néolibérale» animé par Francine Palisson, membre du réseau Golias s'est déroulé avec une tribune composée de Jocelyne Clarke, militante féministe et secrétaire générale de l'UFAL, Monika Karbowska, dirigeante d'Initiative Féministe pour une autre Europe et Monique Crinon, membre d'une Ecole pour tous-tes lors de l'université d'été d'Attac à Poitiers le samedi 27 août 2005.
Les points de vue différents abordés n'ont pas détérioré l'intérêt d'un débat, pourtant très vif.
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Jocelyne Clarke a démontré que l'offensive néo-libérale et l'offensive communautariste regardent dans la même direction et visent toutes deux à casser un modèle de société solidaire au service du plus grand nombre, pour lui substituer une société éclatée, privilégiant la disparité des droits au nom d'un différentialisme religieux, de sexe, de genre ou bien régionaliste. Elle a mis l'accent sur le besoin des néolibéraux de flatter les communautés ethniques et religieuses intégristes pour mettre en avant la charité et pour justifier la régression des droits des femmes donc des droits de l'homme. Elle a évoqué les curieuses alliances des intégristes des religions avec des organisations de gauche ou d'extrême-gauche qui peuvent se retrouver sur les positions d'une extrême-droite identitaire, prêtant ainsi main forte au néolibéralisme. A ce sujet une militante de la salle rappela à Monique Crinon que la thèse selon laquelle le mouvement ouvrier puisse réitérer à son avantage l'alliance des années 50 et 60 avec les catholiques de gauche est dangereuse car à l'époque les idées socialistes étaient montantes et le catholicisme en déclin; aujourd'hui le mouvement ouvrier n'est plus dans ce rapport de force car les staliniens d'hier ont perverti la gauche.
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Comme les laïques refusent la marchandisation de l'école publique et de l'hôpital public, ils refusent la main mise du religieux sur les esprits en formation et sur l'accès aux soins. En d'autres termes, c'est la laïcité qui permet la constitution d'un peuple de citoyens, qui est le fondement de la loi commune sans lien avec le sexe, la religion, la couleur de peau etc. Cette volonté générale ne reconnaît aucune dérogation en faveur des religions. Si les néolibéraux préfèrent laisser les classes populaires dans les lieux de culte plutôt que dans des syndicats, les laïques ont pour ambition de lier le combat social et le combat laïque, démocratique et féministe. De la salle, on peut noter l'intervention très applaudie d'une militante qui déclara à propos du voile islamiste: "en tant que femme, je ne veux pas être considérée que comme un sexe et qu'on me le rappelle sans cesse." A contrario, Sophie Zafari, secrétaire du Snuipp et membre de la LCR, intervint sur la stigmatisation des voilées et s'emporta vivement contre les laïques, prenant à partie tant l'Ufal que le journal Respublica. Dans ce rassemblement altermondialiste, tous les participants sont d'accord pour constater l'échec de la gestion néolibérale du monde qui conduit au chômage de masse, aux discriminations, à la dégradation des services publics, à la précarité de l'emploi et à la casse du social dont les femmes et les enfants sont les premiers touchés dans le monde. Rappelons que la laïcité permet d'éviter que les plus défavorisés ne se détournent du combat pour la redistribution sociale au profit d'une croisade religieuse, sachant que le monde ouvrier a toujours considéré qu'il fallait créer des liens plus forts que tous les liens communautaristes.»
(Martine Lozano, UFAL Paris Centre; excerto do boletim electrónico ResPublica, recebido por e-mail.)